L’été arrive et vous avez chaud partout? Qui a dit que les jeunes ne faisaient plus l’amour? En tout cas, ils ne semblent pas au courant que c’est plus de 40 000 Québécois.es qui reçoivent chaque année un diagnostic positif d’infections transmissibles sexuellement et par le sang.
On ne va pas se mentir, on est encore beaucoup à être inconfortables quand on parle d’ITSS. C’est souvent un mélange de malaise, de méconnaissance et de vieilles idées reçues qui nous fait bégayer dès que le sujet sort au grand jour. Pourtant, la réalité est bien plus simple et terre-à-terre que ce qu’on s’imagine. C’est du moins ce que nous montrent Virginie, Yancy, Oli, Alex et Léa, qui partagent dans une discussion décomplexée leurs expériences de dépistage et les défis auxquels ils ont fait face dans la gestion de leur santé sexuelle.
Première leçon : tout le monde a une histoire. Virginie, par exemple, a vécu des relations à risque même si, à ce jour, elle n’a eu aucun diagnostic. Idem pour Yancy, qui ne compte plus ses dépistages. Oli, lui, a croisé la syphilis sur son chemin, et Alex s’est fait dire qu’il avait la chlamydia. Quant à Léa, elle a dû gérer à la fois une infection à la chlamydia et à l’herpès. Mais une chose unit tous ces parcours : l’importance du dépistage.
Et là, on parle de dépistage comme on parle d’aller chez le dentiste. La métaphore revient souvent : vous n’attendez pas d’avoir mal aux dents pour y aller, alors pourquoi attendre des symptômes ou des inquiétudes pour vous faire tester ? La réalité, c’est que beaucoup d’ITSS ne se manifestent pas physiquement. « On ne peut pas faire confiance à ses partenaires s’ils ne se sont pas fait dépister », lâche Léa avec une franchise désarmante.
Dans la communauté queer, la prise de la PrEP, ce traitement qui réduit les risques de contracter le VIH, est un autre sujet qui soulève des questions. Oui, ça diminue les chances de contracter le VIH, mais ça ne fait rien pour la syphilis, la gonorrhée ou la chlamydia. Oli en sait quelque chose : « Je pense que je me suis dit : “Au pire, j’aurai quelque chose”. Et puis finalement, ben, je l’ai eue, la syphilis. »
Mais le dépistage, ce n’est pas juste un acte médical. C’est une responsabilité personnelle et, parfois, une épreuve émotionnelle. Léa se souvient du jour où elle a reçu le diagnostic de l’herpès. Elle a cru que sa vie sexuelle était finie, que plus personne ne voudrait d’elle. Finalement, après s’être informée et avoir communiqué avec ses partenaires, elle réalise que ce n’était pas si catastrophique. L’herpès, bien qu’inconfortable, n’est pas dangereux et n’affecte pas la fertilité ou la qualité de vie. Et elle n’a jamais été rejetée après en avoir parlé.
On sort un peu de ce narratif d’angoisse aussi avec le témoignage sur la clinique Prelib, où le dépistage se fait sans gêne ni malaise. Pas besoin de raconter votre vie sexuelle au médecin ; vous remplissez un formulaire en ligne, vous faites vos prélèvements vous-même, et voilà. « Les autoprélevements ont vraiment changé ma vie », affirme Léa, qui mentionne aussi le stress particulier que peuvent vivre les personnes trans dans le système de santé.
Et finalement, il y a un message qui ressort avec force : « C’est correct d’avoir une ITSS, ce n’est pas grave. » Ce n’est pas un jugement, c’est une réalité. Les ITSS ne discriminent pas. Ça prend juste une seule fois, que ce soit avec votre première ou votre centième partenaire. Ce qui compte, c’est d’en parler à vos partenaires, tout comme vous leur diriez que vous avez la gastro et que vous n’allez pas au boulot.
Le dépistage, c’est pas juste pour soi. C’est un acte de respect envers soi-même, mais aussi envers les autres. Parce qu’au fond, tout ce qu’on veut, c’est se sentir bien, en sécurité, et rencontrer l’autre à mi-chemin.
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